Une vraie histoire d'O

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marcopolo
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Une vraie histoire d'O

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Histoire africaine

Pour assouvir notre passion nous sommes parfois amenés à voyager. Nous sommes alors confronter à l'Autre. Cette rencontre avec d'autres cultures est rarement dénuée d'ambiguïté.
Dans une autre vie, un jour, je marchais derrière deux chasseurs-cueilleurs hadzabés quelque part en Afrique de l'Est (plus précisément au nord de la Tanzanie, non loin du lac Eyazi). C'était une marche d'une centaine de kilomètres dans un milieu aride, nous avions très peu à boire et à manger. Soudain, nous tombons sur des empreintes de pattes de girafe. Très excités, nous les analysons en large et en travers (enfin, surtout eux), pour ma part, j'étais content : j'étais là pour ça, étudier leurs techniques de chasse. Les Hadzabés parlent hadza et swahili, j'étais avec un guide-interprète-ami, masaï, qui parle anglais et swahili et, donc, il me traduisait en anglais. J'étais empreins de cette douce naïveté qu'un chasseur-cueilleur est forcément un écologiste de la première heure :

« - euh...mais si on tombe dessus, vous allez pas la tuer quand même ? Nous ne sommes que quatre, c'est du gaspillage... 
- peut-être, mais là on a la dalle...
- merde, une girafe quand même !
- Bon, pour te faire plaisir, on mettra les restes sous un abri de branchage, si quelqu'un d'autre passe, dans pas trop longtemps, il pourra encore en manger. »

Au début je pensais que c'était un jeu : les Hadzabés marchaient (souvent ils courraient), avec, pour seule réserve d'eau, un broc rempli d'eau. On se serait cru dans une course de garçons de café. Régulièrement, ils trébuchaient et perdaient la moitié de notre eau. La faim, la soif, la fatigue, l'inquiétude aidant, il m'est arrivé de penser : « Mais p....., c'est complètement con ! Peuvent pas courir avec une gourde Quéchua comme tout le monde, ou une bouteille en plastique, un truc qui ferme quoi... ». J'étais très fatigué.
Et puis, à force de vivre avec eux, j'ai compris que, la plupart du temps, les points d'eau qu'ils utilisaient n'étaient que des flaques dans des trous de rocher ; des concavités si peu profondes qu'on n'aurait pas pu y remplir une bouteille. Par contre, avec un broc c'était possible.
Ni idéalisation, ni sous-estimation. « L'oeil et l'esprit ouverts, tu garderas » aurait dit Maître Yoda...
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