Ecologie Sacrée

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marcopolo
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Ecologie sacrée : gestion des pêcheries
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Dans l'Arctique canadien l'étude de la pêche par les Cree de James Bay a montré que leurs résultats étaient aussi bons, voir meilleurs, que ceux des méthodes modernes.
Pour eux, le poisson est respecté ; il est pêché uniquement s'il le veut bien, on ne se vante pas de sa pêche ; on ne gaspille pas, on mange ce qu'on pêche, on ne « joue » pas avec les poissons. Les Cree sont, par exemple, horrifiés par les pêcheurs qui relâchent leurs prises (« catch-and-release »).
Les Cree pêchent des cisco (Coregonus artedii) principalement avec des filets à petites mailles (63,5mm) et des whitefish (C. clupeaformis) avec des mailles plus grandes (88,9mm). La sélectivité des filets est très bonne. Loin des villages les Cree se concentrent sur les grands et fameux whitefish, alors qu'aux allentours des habitations ils pêchent plutôt des cisco (qui sont adultes à une plus petite taille et supportent une plus grande pression de pêche).
La productivité globale de la pêcherie est aussi bonne voir meilleure que celles des autres de la région. La différence avec une pêcherie commerciale ? Les Cree pêchent uniquement pour leurs besoins (10 kilos par jour pour une famille étendue), il n'y a aucune incitation à pêcher au-delà.
On a longtemps affirmé que les bons résultats des peuples premiers étaient dûs à leurs petites populations et à leur technologie primitive. La science moderne de la pêche, c'est, essentiellement, contrôler : combien de poissons vous attrapez, où, quand, de quelle espèce, et enfin de quelle taille. Très peu de pêcheries modernes remplissent ces objectifs. Force est de reconnaître que les Cree y arrivent !
Ils désapprouvent fortement la plupart des techniques halieutiques modernes car elles n'ont aucun respect pour les poissons : prélever des jeunes poissons, les marquer, les relâcher, les recapturer est, pour eux, inacceptable...Contrôler les populations de poissons est, pour eux, «l'objectif prétentieux d'un peuple immature qui se prend pour Dieu ».
Comment les Cree arrivent-ils à ce bon résultat ? La réponse réside, partiellement, dans leur compréhension intime de l'écosystème arctique aquatique.
Leur système est basé sur trois principes : - pêcher là où le poisson est abondant – pêcher intensément sur des périodes très courtes, en alternance avec des périodes de repos – utiliser des filets de mailles différentes.
Dans les pêcheries commerciales l'accent est mis sur les poissons de grande taille alors que les Cree trouvent des utilisations aux poissons de toute taille.
Ils ont une connaissance intime des poissons. Pour les Cree de Chisasibi il y a 2 sortes de truites de brook (Salvelinus fontinalis) dans leur lac, truites qui entreprennent, chacune, une migration inversée. Ceci fut ensuite démontré par des études génétiques.
Sur un autre continent, Baird (2006) a montré que les sites sacrés du Mékong, au Laos, comprenaient des trous d'eau qui étaient autant de refuges, durant la saison sèche, pour les grandes espèces.

« Sacred Ecology » Fourth Edition, Fikret Berkes, Routledge Ed. 2018.
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