https://cridupoulpe.wordpress.com/2014/ ... frent-ils/
La démonstration expérimentale consiste à les soumettre à des stimuli agressifs (mais non dangereux pour eux au long terme) et voir s'ils y réagissent, faisant preuve de plasticité comportementale excluant l'intervention de mécanismes réflexes. Lynne Sneddon, l'une des pionnières du domaine, a travaillé avec des poissons zèbres (Danio rerio). On leur offre 2 compartiments dans l'aquarium : l'un peu stimulant, l'autre riche en plantes et rochers. Ils préfèrent le second...Ben, tiens...Ensuite on les sépare en deux groupes : l'un subit une injection sous-cutanée de vinaigre, le groupe témoin ne reçoit rien. Un produit antalgique est dissous dans le compartiment délaissé. Les témoins restent à batifoler parmi plantes et rochers, les traumatisés restent dans le compartiment « antalgique ».
Dans une expérience antérieure avec deux groupes (l'un reçoit du vinaigre, l'autre, avant le vinaigre, est confronté à une phéromone d'alarme), les poissons du premier groupe se déplacent plus lentement, les seconds sont tapis au fond : ils hiérarchisent leur objectif : mieux vaut ne pas rendre apparente une douleur ressentie plutôt que d'être avalé par un éventuel prédateur.
Et les invertébrés ?
Prenons, le pagure, le bernard-l'hermite, par exemple. Une expérience de 2010 a montré qu'on pouvait les déloger avec des décharges électriques minimes. Les Bernard ayant un logement 4 étoiles (une coquille très protectrice) n'en sortent que si les déchargent sont plus importantes. Avec une odeur de prédateur dans l'aquarium, les déloger devient encore plus ardu. Les choix exprimés par les pagures traduisent un ressenti douloureux véritable.
Un poulpe blessé prend soin de son tentacule endommagé jusqu'à sa guérison. Il ne pratiquera l'amputation que lorsque les tissus sont fortement déchirés (sans doute pour s'épargner des douleurs chroniques).
Face à ces évidences que dit et fait l'administration en charge des poissons d'élevage ? La filière aquacole ne doit théoriquement répondre qu'à une obligation générale : « Garantir le bien être et assurer que les animaux ne subissent aucune douleur, souffrance ou dommage inutile » tel que stipulé par la directive du Conseil Européen du 20/7/1998. Le règlement européen de 2005 sur le transport n'inclut pas les poissons, celui de 2009 sur la mise à mort non plus. Celui sur le bien-être est en cours de révision. Nous allons vers une possible obligation de mise à mort avec étourdissement préalable. La première espèce ciblée par les études de bien être est la truite, la méthode serait déployée ensuite sur l'esturgeon, puis le bar ou la dorade. On s'attacherait à l'état des nageoires, la perte des écailles, les nécroses, l'état du nez et de la bouche (indicateurs physiques) ainsi qu'au temps d'habituation à la présence de l'observateur, les accélérations brusques, l'activité globale de nage, l'orientation de nage, utilisation de l'espace (indicateurs comportementaux).
Une étude de 2022 a montré comment enrichir le milieu de vie des truites d'élevage avec des plantes, des galets, des abris, des rideaux de bulles avant le repas. Les bulles sont un facteur de prévisibilité positif pour les poissons, ce qui leur donne les moyens d'anticiper les choses et donc de mieux contrôler leur environnement, ce qui serait une source de bien être.
Pour la question du titre, désolé pour ceux qui espéraient une réponse : je n'en sais fichtrement rien

« Les portes de la perception animale » B. Grison, Delachaux et Niestlé, 2021.
Pour le bien être en élevage : Projet B ABA, bit.ly/3VICspS, projet EnriFish bit.ly/3gOtBhs ; bit.ly/3UI9JjH