Voici les conclusions des travaux des équipes américaines, espagnoles, sud-africaines et japonaises qui recensent les cadavres retrouvés. Les sites principaux :
Atlantique : Terre-Neuve, Asturies et Galice espagnoles, Canaries, Namibie et Afrique du Sud.
Pacifique : Nouvelle -Zélande, Australie, Japon, Etats-Unis.
Océan Indien : peu d'observations.
Architeuthis dux est cosmopolite mais semble absent des eaux polaires et des eaux tropicales. Une étude isotopique de 2022 des statolithes (concrétions des statocystes qui servent à l'orientation) de 5 spécimens de Nouvelle-Zélande montre :
- les premiers stades de croissance se déroulent dans des eaux tempérées peu profondes
- ils passent progressivement dans des eaux profondes au cours de leur croissance
- leur taux métabolique diminue quand ils prennent de l'âge
- leur cycle de vie est fortement exposé aux changements environnementaux
Les calmars géants affectionnent les grands canyons sous-marins. Ils ont besoin d'une eau froide : la capacité de transport d'oxygène par l'hémocyanine (leur hémoglobine) diminue de 4 fois lorsque l'eau passe de 6,4°C à 15°C.
Comment le voir dans la nature ?
En 2004, les Japonais utilisent un système de caméra-capteur de profondeur et enregistreur de données suspendu à 3 bouées. Une photo est prise toutes les 30 sec pendant 4 à 5 heures. La caméra est orientée verticalement vers un appât composé de calmar accroché 3 mètres plus bas. Première photo !
En 2006 un japonais, près des îles Ogasawara, prépare un appât lumineux imitant une méduse, associé à un calmar diamant, accroché à un hameçon. Il capture un calmar géant de 50 kilos sans tentacules. Près de la surface il le filme pendant 20 minutes, il le hisse à bord où il meurt.
L'Américaine Edith Widdler en 2012 utilise un sous-marin habité émettant de la lumière bleue pour l'attirer. Les vidéos à la lumière infra-rouge montrent pour la première fois un calmar géant à 700m dans son milieu naturel. Nouveau film une semaine après à bord du Triton avec R. Harris et T. Kubodera jusqu'à 900m de fond. Après cette expédition il n'y a plus eu de missions à la recherche du calmar. Entre 2015 et 2022 : 4 rencontres fortuites, 2 dans les eaux côtières de la mer du Japon et une en Galice. Dans ces 3 cas il s'agit de femelles blessées mourantes. Le 4ème a été filmé dans les eaux de l'île de Hierro (Canaries).