EPISODE 9:
Nous embarquons de Mérida pour un vol Aeromexico vers San José del Cabo via Mexico. Je prends ma valise Pélican contenant les 2 flashs, une douzaine de piles Eneloop et 4 batteries lithium en bagage à main, comme d'hab. La sécurité m'arrête, comme d'hab. Elle me demande kesako, comme d'hab. Je réponds poliment, comme d'hab... et là, la fliquette me dit que "
no es posible señor, hay demasiadas baterias, no es posible señor"
. Je commence à expliquer que les batteries sont interdites en soute depuis que les soutes existent, que toutes les compagnies aériennes acceptent les piles en cabine, et que je ne compte pas perdre la face avec mes piles
"
No señor hay que dejar las baterias en la bodega"
Je vois vite que la négociation va tourner court, ni une ni deux, on repasse le film à l'envers: demi-tour dans la zone de sécurité, file à contresens, bousculade,
sorry m'dam,
lo siento señor, remontée de couloir, descente d'escalator, retour au dépôt des bagages, réenregistrement de la valise Pélican en soute... et retour en zone de sécurité fissa. Heureusement l'heure est calme, la file d'attente maigrichonne, et j'arrive à embarquer de justesse.
Rappel de la règle numéro 1 du photosub: jamais détendu au check-in tu ne seras.
Débarquement en Baja, récupération des bagages, et nous voilà passant la douane avec nos treize sacs et nos 8 bras: les aztèques n'avaient pas inventé la roue, leurs descendants n'ont toujours pas inventé le chariot. J’ai glissé dans ma poche l’attestation de dédouanement du matos chèrement négociée à Cancún, et je salive à l’idée de la coller à la première demande sous la moustache du préposé au reniflage de caisson. Mais les gapians me priveront de ce menu plaisir car nous leur passons sous le nez dans l’indifférence générale, malgré le sticker Inon collé ostensiblement sur ma valise Pélican. Cette histoire de taxe est une loterie.
Nous sortons de l’aérogare sous un cagnard de plomb, nous prenons possession d’un van Toyota chez un loueur super efficace (Cactus Rent-a-Car, bon plan). 1h20 de route et 20’ de piste rocailleuse plus tard nous atteignons le village. Cabo Pulmo en août, c’est un four à chaux. L’air humide, chauffé à blanc par le désert voisin, reste confiné dans ce vallon coincé entre deux rangées de collines escarpées survolées par une famille de vautours. L’air est lourd, dense, étouffant. La lumière torride qui tabasse la caillasse a du mal à renvoyer autre chose qu’un dégradé de gris imprécis et trouble. La végétation squelettique trahit les longues semaines de saison sèche. Les premiers orages de l’année n’ont pas encore sévi. Rien ne bouge dans la fournaise. Seul le vol des colibris contraste avec la torpeur Sergioleonesque environnante. Pendant dix jours, on ne sera bien que sous l’eau, et encore, El Niño nous incitera à tomber le néoprène pour plonger en Arena, en poussant le thermostat à 30 degrés sur toute la colonne d'eau.
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Nous avons programmé le séjour avec Cabo Pulmo Watersports, un centre spacieux aux fresques immanquables à l'entrée du village.
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Accueil sympa et efficace d'Andrea, la cheftaine d'une équipe attentionnée. Et sous 40 degrés à l'ombre, l'efficacité compte double. On embarque pour la plage, pour un premier enchaînement El Cantil / El Vencedor au nord de la réserve. Les premiers bancs nous accueillent dès la mise à l'eau. La visibilité est moyenne. Les carangues nous boudent, mais les lutjans, les gorettes, les mérous et les chirurgiens pullulent sur El Cantil. Très belle plongée dérivante qui suit la courbe d'un vieux récif par une vingtaine de mètres.
Premiers réglages en mer avec le R5. Peu de photos convaincantes.
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Après l'intervalle de surface, nous poursuivons vers le nord sur quelques centaines de mètres vers El Vencedor, une vieille épave disloquée qui sert de point de rencontre à une bande de requins bouledogues sédentaires. Andrea me demande de couper les flashs sauf si les bouledogues décident de nous bouder durablement. Nous basculons. Point de squale à l'horizon mais les bancs de vivaneaux et de gorettes qui maraudent autour des débris de l'épave sont un spectacle permanent. La visi est meilleure, toute la plongée se déroule à 15 mètres si bien que je continue de respecter scrupuleusement les instructions pour ne shooter qu’à la lumière ambiante, au cas où le seigneur des lieux daignerait venir nous saluer. L'absence de flash facilite mon acceptation au sein de la communauté à écailles. On verra ce que ça donnera. Un énorme goliath vient se faire tirer le portrait indolemment... joli face à face. Alors que nous sommes sur le point de filer vers le palier de sécu, le suzerain accompagné de son escadron de fusiliers se décide à pointer le bout de ses ampoules de Lorenzini. Il restera à distance, les photos manqueront de couleurs, si bien que je déciderai de les retraiter en noir et blanc. Une belle première journée pour s'ouvrir l'appétit.
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