


Vous l’aurez donc deviné, cap à l'ouest, pour une escapade mexicaine en deux temps : une première étape en terre maya avec la traversée du Yucatán d’est en ouest et baignades en cénotes au programme, avant d’aller tremper les palmes dans les eaux el-niñesques de Cabo Pulmo en Basse-Californie. Une double première en ce qui me concerne: en termes de destination d’abord, puisqu’en dehors d’un séjour professionnel cauchemardesque dans les embouteillages de la capitale, je n’avais jamais pris le temps de profiter des douceurs mexicaines, et du côté photo également, car, dans la foulée de Luko, le printemps fut l’occasion d'une conversion au mirrorless, version plein format, en délaissant le 70D pour un R5 flambant neuf. La comparaison des expériences R7 / R5 promet d’ailleurs d’être assez intéressante.
Avant de commencer, un petit clin d’œil plein de gratitude à Marcopolo pour ses conseils avisés qui nous auront incités à tenter l’enchaînement Yucatán-Baja sur 3 semaines. C’est faisable, faut pas trainer en route, et se tenir prêt à planter quelques hêtres sur les berges du Léman en rentrant, pour se réconcilier avec ce qui reste de conscience écolo et tenter d’éponger la dette carbone creusée par une série de 7 vols en 20 jours

Destination Cancún pour commencer, avec une douane zélée en guise de comité d’accueil. Je m’y étais préparé après avoir lu un post de Wetpixel sur le sujet en organisant le voyage. Il faut savoir qu’au Mexique les caissons sont considérés comme du matos professionnel soumis à une taxe à l’entrée sur le territoire. Les amateurs passent souvent entre les mailles, mais quand le piège se referme, ça douille. La douane de Los Cabos est connue pour sa faculté à repérer les sacoches Nauticam ou Ikelite, et je m’attendais à me faire choper là-bas. Pas de bol, c’est à Cancún que les gabelous me sont tombés sur le rable. Après 18h de voyage, il faut savoir garder son calme. En même temps, à Cancún, avoir maya partir avec la douane...bon ok je sors

L’équation est implacable : la taxe est fixée à 19% de la valeur résiduelle nette du caisson. Je vous la fais simple : pour un caisson Nauticam NA R5 tout neuf à 5000 balles environ, c’est un billet de 1000 dollars qu’il aurait fallu leur laisser en guise de pourliche. Du coup, je m’étais préparé à les pipeauter, et quand ils m’ont demandé le prix et la date d’achat, j’ai divisé la note par 5, vieilli le caisson de 8 ans et donné du « gracias señor » jusqu’à plus soif… bingo ! Quand le moustachu a eu fini de pianoter sur sa Texas Instruments pour déduire l’amortissement, je m’en suis tiré avec une facture de 70 USD et un certificat qui me permettrait de passer la douane de Los Cabos « con los dedos en la nariz ». Après un long vol, ce genre de petit vol fait partie du folklore local. Bon, les craques ont fonctionné cette fois-ci, mais j’ai cru comprendre que c’est loin d’être garanti. A Los Cabos, certains douaniers sont connus pour aller vérifier la valeur des caissons sur internet. Certains plongeurs trop honnêtes s’en sont tirés avec des douloureuses de plus de 500 USD en guise de bienvenue. A savoir donc, pour tous ceux qui tenteront le périple accompagnés de leur valise Pélican, ça vous met la zénitude à l’épreuve dès l’atterrissage. Je vous passe le second test de flegme chez Avis à la remise d’une bagnole de location qui ne correspondait pas à celle que nous avions réservée 6 mois plus tôt, et nous voilà partis en direction de Tulum pour la première halte. 2 heures d’autoroute faciles vers le Jashita, un bel hôtel planqué dans une palmeraie à 5km au nord du village bling bling, donc au calme et loin des excès de botox, avec petite plage privée sur un lagon épargné par les sargasses. Autant le dire tout de suite : nous avions décidé de ne pas plonger en mer au Yucatán pour réserver nos bulles aux seuls cénotes. Le sel, ce sera pour Cabo Pulmo uniquement.
Le lendemain de l’arrivée, on prendra le temps de se poser pour récupérer du vol, profiter du lagon, avant de finir la journée sereinement par une petite excursion ornithologique vespérale dans la lagune de Sian Ka’an, une réserve de biosphère classée au patrimoine mondial. On y croisera quelques lamantins en surface, on serpentera dans un dédale de mangrove rouge, un labyrinthe de canaux tracé par les marées dans une forêt de palétuviers parsemée de broméliacées. On admirera la révérence orangée des myrmecophilas, ces splendides orchidées épiphytes dont les inflorescences perchées à l’extrémité de hampes interminables aiment à se courber au-dessus de la basse canopée. Un très bel endroit pour s’accoutumer à la chaleur épaisse des Caraïbes.
Ce sera l’occasion de faire chauffer un peu le R5 en s’exerçant sur le bestiaire à plumes qui peuple les marais. Frégates belliqueuses, hérons pétrifiés à l’affût, il y en a pour toutes les obturations. L’autofocus du R5 est une machine de guerre, je commence à m’en rendre compte. Le mode "suivi des yeux" en continu version "animaux" fait merveille sur les oiseaux, et permet de se concentrer sur le cadrage uniquement, ce qui, au 600mm, relève déjà d’un bel exploit sur des piafs en plein vol, affûtés comme des MIG .
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Le héron qui tient l'orphie qui tient la sargasse.

Quant à la stabilisation embarquée (IBIS pour In-Body Image Stabilization), elle se combine avec celle des objectifs pour permettre de réduire la vitesse d’obturation de plus de 5 stops. C’est bluffant. Sur un 600mm qui n’ouvre qu’à 6.3, pouvoir shooter sans flou de bougé au 1/100, ça permet tout simplement de faire durer le plaisir jusqu'à la tombée de la nuit !
Et quoi de mieux qu'un ibis pour tester l'IBIS ?
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Quelques photos au crépuscule me démontrent aussi que Canon a sacrément progressé sur la sensibilité du capteur plein format, et je constate, le crépuscule approchant, qu’on peut allègrement pousser à 3200 ISO sans faire saigner les ombres. Ce sera utile au fond des cénotes. Mais ça, ce sera pour le prochain épisode.
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